La nuit s'endort. Doucement.
Du poulailler à la roseraie, tout est calme, silencieux. Seul le portillon en fer forgé fait chanter ses gonds.
Le fond du jardin est comme le bout du monde, rempli de merveilles. Il y règne une fraîcheur de grenouille.

L'araignée coquette et romantique y contemple la rivière de diamants que la rosée a dessinée sur sa toile.
Le hérisson harassé rentre se coucher sous les pierres moussues
alors que des lapins noctambules en virée potager détalent pour sauver leur peau.
Un rayon de soleil ondule dans la brume et vient caresser les lichens du vieux banc qui attend son poète.
Aujourd’hui, comme hier, l'inspiration naîtra des courbes élégantes d'un vase médicis,
du vert profond des buis taillés et du chuchotement des nymphes de la fontaine...

Tu dors encore.
D'érotiques initiales entrelacées sur du lin paresseux bercent tes rêves et se confondent avec tes cheveux.
Sur la commode gustavienne à la patine fanée, le vieux miroir doré attend, impatient, ton sourire.
Moi aussi.
J'ai apporté des croissants joufflus. Lève-toi, il fait bon marcher pieds nus sur les tomettes.
Tu vas voir, ca va être une belle journée.