Qui croire à propos du hasard ?
Eluard, prétendant qu'il n'existait pas et qu'il n'y avait que des rendez-vous,
ou Einstein soupçonnant Dieu de se promener incognito ...?
Peu importe. Au fond de l'immense coffre à oubli, je vous ai rencontrés et vous m'avez ému.

Ainsi cette épluchure d'enfance, cycliste de plomb en maillot jaune, vainqueur du tour du tas de sable,
délaissé le jour ou son entraineur a franchi le col de l'acné et avalé la descente de l'adolescence
pour embrasser, pour de vrai cette fois-ci, la starlette locale en mini jupe de ses rêves de podium...

Ainsi ces brindilles de tradition, bouquet de moissons, tresse fragile des derniers épis de la récolte,
témoin miraculé d'art populaire, expression anonyme de la richesse des pauvres et dans lequel
chantent encore soupes grasses et accordéons, pains aillés et rires de Suzon...

Ainsi cette bribe d'histoire de France, lettre de poilu signée fébrilement Fernand ton bien-aimé,
tachée de larmes de peur, mais aussi remplie d'espoir de la fraternité irréelle du noël 1914...

Ainsi ces bouts du temps qui passe,
ces restes de mémoire, ces quignons de patrimoine, ces miettes de destins...
Par dizaines, vous m'avez mis de la buée sur le coeur.